Le lendemain du premier tir d’un MdCN par la frégate Aquitaine (en lieu et place de la Normandie), le projet de loi pour l’actualisation (prévue depuis fin 2014 de mémoire) de la loi de programmation militaire 2014-2019 paraît. Si la certitude budgétaire de la défense militaire de la France est à la hauteur du brouillard de la guerre de Clausewitz, reconnaissons au moins l’effort. En supposant que ce gouvernement respecte tous ses engagements financiers pour la Défense nationale d’ici à 2017, ce serait bien une première depuis 1962 ou 1945.

© L.Bernardin/Marine Nationale. Le premier tir d’un missile de croisière depuis une unité de surface en Europe (19/05/2015).
Nous trouvons toutes les informations dans le document mis en ligne par le ministère et que vous pouvez lire.
Forces navales
5 missions navales permanentes
En ce qui concerne les affaires navales, le ministre de la Défense reconnaît aussi à la Marine nationale un niveau d’engagement particulièrement important et supérieur au contrat opérationnel (soit la “flotte contractuelle“) qui nécessite des ajustements et des efforts :
“L’augmentation du niveau d’engagement des forces navales présentes sur 5 zones de déploiement, l’élévation des exigences de protection face à la menace terroriste et l’impact des contrats d’exportation (notamment Egypte) induisent des ajustements sur la trajectoire de ralliement du modèle.” (p. 71)
FLOTLOG
Les problèmes du porte-avions
“Le deuxième arrêt technique majeur du porte-avions Charles de Gaulle débutera en 2017. Outre le rechargement des cœurs nucléaires et une révision générale, cet arrêt sera mis à profit pour réaliser une opération visant au maintien de ses principales capacités opérationnelles et son adaptation à un groupe aéronaval centré sur le Rafale, consécutif au retrait définitif de service, en 2016, du Super-Etendard Modernisé.” (p. 72)
Classe Suffren
“Fin 2018, le premier des 6 nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda, remplaçant les Rubis, aura été livré et admis au service actif. Les Barracuda présenteront des capacités multirôles, mettant en œuvre notamment, outre des capacités de renseignement, la torpille lourde, le missile de croisière naval (MdCN) et, lorsque nécessaire, des nageurs de combat.” (p. 72) Le Rubis sera retiré du service en 2017.
À l’orée de l’année 2025, la Marine devrait percevoir 4 SNA de la classe Suffren, complétés par 2 Rubis.
Aucune mention du fameux SN3G n’existe dans le documenté précité.
SLAMF
La Force de Guerre des Mines peut jouir d’une certaine bonne nouvelle car dans le tableau récapitulatif (p. 79) ainsi que dans le bilan de la Marine à l’Horizon 2025 (p. 36) il est question d’une force de guerre des mines équipée du SLAMF (p. 36). Ce qui correspond à SLAMF 4 bâtiments et 8 système de drones (p. 79).
17 à 16 (15) frégates de 1er rang
La Royale a 17 frégates de premier rang en 2015. Fin 2019 (p. 81), ce chiffre tombe à 16 frégates pour un objectif de 15 :
- “la” classe La Fayette (la tête de classe atteindra la trentième année de service en 2026) seront modernisés avec, notamment, l’adjonction d’un sonar au fil des arrêts techniques programmés, pour assurer la transition avec les frégates de taille intermédiaire (p. 29, 72).
Aucun calendrier ni nombre d’unités modernisées (toutes ?) n’est précisé. - les Frégates de Taille Intermédiaire (F.T.I.) deviennent une réalité puisqu’il est dit que la première unité sera livré en 2023 (p. 29, 72). Elles sont “complémentaires des FREMM” (p. 29).
Cette dernière citation voit l’utilisation du vocable de “complémentaire”. Bien que ce soit l’une des très rares caractéristiques connues de ce programme qui débute à peine, elle est capitale. Selon le Larousse en ligne, “complémentaire” se rapporte à des choses de même nature pour les compléter. Ce qui voudrait dire que nous nous orientons vers des FTI entendues au sens de frégates de premier rang.
Reste à accommoder cette hypothèse avec le diktat d’un tonnage de 4000 tonnes qui correspondrait à des besoins de l’entreprise, et non pas de la Flotte soit dit en passant. Sauf que la seule frégate vendue récemment par DCNS est une FREMM (Égypte), la précédente est une FREMM (Maroc) aussi. La proposition de frégate de 4000 tonnes, FM400, n’a jamais trouvé de clients à l’exportation. Par contre, les “corvettes” (frégates ?) Gowind version Combat de 3000 tonnes à pleine charge se vendent plutôt bien (4 pour l’Égypte (plus deux options), 6 pour la Malaisie). Ce qui ne lasse pas de poser des questions face à une frégate qui aurait au moins le mérite de faire tourner les bureaux d’études de DCNS à l’heure où il n’y a plus de grands programmes navals sur les rails, à part peut-être FLOTLOG. Il n’est pas dit que l’entreprise puisse prétendre au programme BATSIMAR, particulièrement bien adapté à une mise en concurrence avec tous les rivaux français.
Nous trouvons un détail intéressant pour tenter de comprendre le format des frégates : “(15) Deux frégates anti-sous-marines d’ancienne génération (désarmés post-2019 en fonction de l’admission au service actif des FREMM pour maintenir au niveau requis la capacité de lutte sous la mer), 5 FREMM (le prélèvement de la FREMM « Normandie » pour l’export Egypte nécessite que le rythme de production de FREMM françaises soit adapté pour respecter l’objectif LPM de six frégates anti sous-marines livrées avant fin 2019), 4 frégates de défense aérienne (dont 2 FAA d’ancienne génération) et 5 frégates légères furtives (à rénover).” (p. 82)
Le niveau d’ambitions par unité ne diminue puisque les FREMM doivent toujours rassembler un système d’armes des plus complets :
- “Les FREMM embarqueront le missile de croisière naval (MdCN) à partir de 2015, le missile antinavires Exocet MM 40 B3 à portée étendue, la torpille anti-sous-marine MU 90, l’hélicoptère de combat anti-sous-marin NFH 90 et le missile de défense aérienne et anti-missiles ASTER.” (p. 72)
- “Le NFH 90 CAIMAN (Nato Frigate Helicopter) version combat, équipe les frégates de nouvelle génération Horizon et FREMM, à raison d’un hélicoptère par frégate. Le CAIMAN participe aussi aux missions de sauvetage en mer dans sa version soutien. Pour assurer ces missions de combat et soutien naval, 27 CAIMAN sont en cours de livraison. Les 24 premiers seront livrés avant la fin de la présente loi.” (p. 27)
Enfin, la modernisation des avions de patrouille maritime Atlantique 2 suit son cours : “La rénovation des avions de patrouille maritime ATL 2 entrera en réalisation avec des premières livraisons en 2018. Deux avions auront été rénovés fin 2019 sur les quinze prévus.” (p. 72). Par extension, il convient de se demander si la commande accélérée des A330 MRTT (dont le CEMAA vante les qualités comme plateforme C2), la potentielle commande de 4 C-130 (avec missiles Griffin) et l’éventuelle modernisation des C-130 restants pourraient être autant de bonnes raisons de retirer du Moyen-Orient des ATL2 bien plus utiles à la mer, notamment dans l’Atlantique Nord où ils sont très demandés, notamment par l’OTAN.
La Marine nationale (pp. 9, 29, 36) devrait voir ses moyens de sauvegarde maritime, du côté des unités de surface renforcés. Ainsi, le document annonce :
- la commande du B4M, ce programme se traduit dans les faits par la levée de l’option pour la quatrième unité du programme BMM/B2M qui est très attendue dans l’océan Indien, au point qu’il y ait des tensions rue Royale pour le premier port base du d’Entrecasteaux ;
- le programme BSAH devrait se matérialiser par une commande à la rentrée des 4 premières unités en acquisition patrimoniale depuis l’échec du PPP, il est toujours questions que 4 autres bateaux soient affrétés. Il ne serait pas étonnant que les 4 premiers navires soit un “dérivé”, à peine une sous-classe, des BMM.
Il serait question que le programme BATSIMAR soit avancé de deux ans, soit de 2024 à 2022 pour l’entrée en service des deux premières unités. Elles seront alors suivies de deux bateaux chaque année pour atteindre une cible d’environ 15 à 18 patrouilleurs hauturiers. En 2025, la Marine aurait alors reçu 8 nouveaux patrouilleurs. Le paragraphe ci-dessous montre l’urgence de la situation.
Ces programmes sont cruciaux pour renforcer les capacités logistiques de la Marine nationale en soutien à ses missions militaires et de sauvegarde maritime. Le nombre de navires dédiés à l’Action de l’État en Mer de 2015 (18 patrouilleurs et 3 BATRAL, p. 81) à 2019 (4 B2M + 2 PLG + 7 avisos A 69 + 6 patrouilleurs d’ancienne génération de tout type, p. 81) chute de 2 unités pour surveiller 11 millions de km².
AVSIMAR n’est pas évoqué mais le tableau des moyens de surveillance aéromaritime semble résister par la confirmation du versement de 4 Atlantique 2 à l’AEM : “16 avions de surveillance maritime (12 de type FALCON et 4 ATL2)” (p. 81).
Horizon Marine 2025
Marine 2025 déplacerait alors 485 524 tonnes*.
* 57 340 (4 SNLE) + 25 740 (6 SNA (2 Rubis, 4 Suffren) + 90000 (3 BRAVE) + 42 500 (PA) + 65700 (3 BPC, 4 EDA-R) + 36 240 (6 FREMM) + 14 100 (2 FREDA) + 14 100 (2 HORIZON) + 18 000 (5 FLF) + 4910 (1 F70) + 17700 (6 FS) + 9200 (4 B2M) + 8000 (4 BSAH) + 9600 (4 SLAMF, DIVERS) + 8750 (7 A69) + 900 (2 PLG) +6000 (6 DIVERS PATROUILLEURS) + 5010 (1 B3M) + 12 000 (8 BATSIMAR) + 38 712 (BEM)
Le ministre a pris un gros risque en arrêtant la cible des FREMM à six pour d’hypothétique FTI non financées (le prochain gouvernement promet un tour de vis budgétaire …)
Mais finalement, de quoi a-t-on besoin en ces périodes troublées sinon de patrouilleurs ?
Pour information le B2M d’Entrecasteaux à peine opérationnel est déjà en route pour Nouméa via Clipperton (la ZEE de Clipperton c’est presque la métropole avec des nodules polymétallique et un potentiel de pêche phénoménal …)